Une bonne année en perspective : Pap Ndiaye réforme le collège ! Janvier 2023

Lettre d’information

Une bonne année en perspective : Pap Ndiaye réforme le collège !

Janvier 2023

 

Chers collègues,

Il est encore temps de vous souhaiter nos bons vœux pour l’année nouvelle : puissiez-vous, portés par une santé de fer, tenir bon ! Passagers d’un même navire qui coule, puissions-nous couler avec panache, épanouis par les quelques satisfactions que nos métiers nous apportent encore et par ce que nos vies charrient de richesses.

Cela posé, nous sommes plus que fondés à nous inquiéter en ce début d’année, pour deux raisons au moins : le projet de réforme des retraites porté par le gouvernement est inacceptable pour les personnels de l’Education nationale et, conjointement, notre ministre commence son chantier de réforme du collège et dévoile les ressorts de sa « prime innovation ». Pour Action & Démocratie, les choses sont claires : nous ne voulons pas de cette réforme des retraites et – fait rare – nous serons solidaires du mouvement de grève intersyndicale du jeudi 19 janvier ; s’agissant de ce que propose Pap Ndiaye pour le collège, tout n’est pas à jeter, bien au contraire, mais réformer à moyens constants est indigne pour les personnels dont la précarisation est annoncée (les professeurs des écoles et les professeurs de technologie en première ligne).

Cette lettre d’information aborde, entre autres choses, ces sujets brûlants.

Cliquez sur les liens en orange…

  1. Réflexion

Pour prendre un peu de recul sur l’actualité de l’Éducation Nationale et sur les grandes orientations pédagogiques du monde contemporain.

1) Pap Ndiaye entend réformer le collège, mais… le déni continue. Chez Action & Démocratie, nous apprécions certains efforts louables visant à renforcer les fondamentaux et à mettre fin au pédagogisme ambiant ; cependant, cette « réforme » se fait au jour le jour, au gré des annonces successives et décousues.

 

2) La « prime innovation » : une farce dont on ne se remet pas. Vous êtes en quête de queues de cerises ? Cette prime est pour vous ! Fin de la gestion centralisée des personnels, mise en concurrence des établissements et des professeurs : voilà vers quoi nous emmène Pap Ndiaye.

 

3) Les professeurs documentalistes méritent mieux. Souvent relégués au rang d’auxiliaires de vie scolaire, de « désengorgeurs » de permanence encombrée, les documentalistes aimeraient faire leur métier ! Nos revendications.

  1. Vie du syndicat

Pour se tenir informé des actions, des propositions et des succès d’A&D, à l’échelle nationale et académique. Ou tout simplement comprendre ce qui se joue dans notre académie.

1) Notre bilan des élections professionnelles de décembre. Pas de siège au CSA, mais vous avez été nombreux à voter pour nous : notre syndicat, présent dans l’académie de Dijon depuis deux ans, est honoré par cette confiance. Il semble que notre voix porte et nous continuerons à la faire porter.

2) Les personnels de direction sont essorés : les tâches administratives se multiplient, les demandes absurdes de l’institution arrivent en masse, les burn-out sont monnaie courante. L’AEF publie le témoignage édifiant de Karinne Boulonne, principale adjointe, que nous reproduisons largement, suivi par les mots de l’un de nos référents « perdirs ».

3) C’est historique : Action & Démocratie CFE-CGC s’associe au mouvement de grève du 19 janvier. Opposés aux grèves perlées qui n’ont jamais fait leurs preuves, nous nous sommes très rarement associés aux mouvements sans lendemains de ces dernières années. La situation est hors normes : la réforme des retraites qui s’annonce est une régression pour les personnels de l’Education nationale qui, à 64 ans et plus, ne se voient pas faire cours dans le climat scolaire français, connu pour être l’un des plus difficiles de l’OCDE.

III. Bon à savoir

Des conseils, des outils juridiques, des lectures précises de nos textes de loi… pour ne pas être mis en difficulté au quotidien face aux injonctions parfois inconséquentes de votre hiérarchie et aux pressions toujours plus nombreuses des « parents d’élèves ».

1) Note de lecture : Camille Dejardin, professeur de philosophie, publie dans la collection « Tracts » de Gallimard un brûlot salutaire, Urgence pour l’école républicaine. A lire sans modération : un état des lieux impitoyable et des propositions de bon sens, parfois originales. En supplément, un lien vers son interview sur la chaîne MarianneTV (journal Marianne), au bas de la page 3.

 

2) Nos textes impérissables sont toujours utiles : servez-vous-en ! Voilà maintenant un an que nous concevons des ressources informatives ou juridiques destinées à durer dans le temps : évaluation « par compétences », harcèlement scolaire, protocole d’urgence pour la prise en charge des élèves malades, PAP… Les voici récapitulées dans un document unique.

 

3) LE POSTE ADAPTÉ PEUT M’AIDER Je suis enseignant public, du 1er ou 2nd degré, CPE ou PsyEN Je souhaite retourner sur mes fonctions d’origine Mon état de santé implique une reconversion professionnelle J’ai un projet professionnel de reconversion

Je suis en congé longue maladie ou congé longue durée ou en disponibilité d’office ou en activité

 Que dois-je faire ?

→ Je rencontre le médecin du travail qui émet un avis concernant l’octroi d’une année de poste adapté.

→ Une commission pluridisciplinaire présidée par le DASEN ou le DRH décide ou non de mon affectation sur un poste adapté.

→ Si je suis retenu, le conseiller RH de proximité ou l’assistante sociale qui me suit me propose un poste adapté dans une structure correspondant à mon projet professionnel.

→ Je prends contact avec un accompagnant RH (assistante sociale pour le 1er degré/Conseiller RH de proximité pour le 2nd degré) pour m’accompagner dans mon projet professionnel (cf. coordonnées en annexe 1 de la circulaire).

Que va-t-il se passer ?

→ Je prends rendez-vous avec mon médecin traitant ; il m’établit un certificat attestant de ma difficulté à exercer mes fonctions.

→ Je prends connaissance de la circulaire académique poste adapté qui parait en octobre/novembre sur Eduline.

→ Je remplis ma demande en ligne sur COLIBRI du 14 novembre au 16 décembre 2022. https://portail.colibris.education.gouv.fr/ si la date est dépassée j’appelle mon interlocuteur syndical.

→ J’envoie mon certificat médical (et, si j’en suis bénéficiaire, une copie de ma RQTH) accompagné du récapitulatif de ma demande (document pdf généré par COLIBRIS) au médecin du travail sous pli cacheté et confidentiel.

 

Qui sont mes interlocuteurs si je rencontre des difficultés ? (Liste des personnes-ressources)

Confraternellement,

Présidente d’Action & Démocratie dans l’académie de Montpellier

Nadège Guillon Ollier

SE SYNDIQUER EST AUJOURD’HUI UNE URGENCE !

Pour faire changer les choses, tant qu’il en est encore temps, dans le sens d’une instruction de qualité, mais aussi pour se protéger, car de plus en plus de collègues sont attaqués par des parents, voire par notre propre administration.

Action & Démocratie CFE-CGC est le seul syndicat qui se bat pour stopper la désinstruction nationale actuellement à l’œuvre, afin de redonner à chaque enfant les chances auxquelles il a droit, qui cherche à redonner du sens et une vraie valeur au travail, au mérite, aux savoirs et aux diplômes, le seul syndicat qui met en avant notre position de cadre, qui remet l’instruction au cœur du projet éducatif et qui n’oublie pas que les enseignants sont des représentants de l’Etat et qu’ils doivent donc être protégés par ce dernier.

Pour adhérer, cliquer ici.

Action et Démocratie » en route pour ENFIN secouer et CHANGER les choses !

En décembre vous avez VOTEZ « Action et Démocratie CFE-CGC » pour soulever un NOUVEL ESPOIR dans l’Education Nationale !

Chers collègues personnels de l’Académie de Montpellier, Action & Démocratie CFE-CGC Montpellier vous souhaite une bonne rentrée 2023.

Année scolaire 2022/2023, tout change ou rien ne change ?

Rêvons d’un monde parfait : tout se passe bien dans l’Éducation nationale, les élèves bien éduqués viennent s’instruire sagement dans nos cours ; la solidarité et la bienveillance règnent entre pairs à tous les échelons de l’institution ; il n’y a pas de querelles individuelles car, en toute intelligence, chaque personnel de la chaîne hiérarchique n’agit que dans l’intérêt du service et non par ambition personnelle ou ressentiment, justifié ou pas, envers tel ou tel ; chaque personnel reçoit un salaire qui, en fonction du coût de la vie, du logement, etc. lui permet de vivre décemment ; etc.

Dans ce monde parfait, nul besoin d’un syndicat, nul besoin de défendre les personnels ni de combattre des réformes qui, sous couvert d’« innovation », de « réussite de tous », d’ « inclusion », etc. ne sont souvent que des réformes budgétaires, des faux-semblants ou du bricolage sans ambition ni vision d’ensemble qui tirent les élèves vers le bas, qui épuisent et découragent les personnels, qui précarisent les emplois, qui donnent lieu à plus de violence institutionnelle, et j’en passe. Redescendons sur Terre !

La nature humaine est ce qu’elle est et la perfection n’existe pas. Cela dit nous sommes acteurs de notre vie et de nos métiers. Même si la morosité se répand, tout n’est pas perdu. En décembre prochain auront lieu des élections professionnelles qui peuvent changer la donne et vous permettre de vous faire entendre enfin, un choisissant d’être représenté par un syndicat neuf, avec une voix différente. Action & Démocratie est ce syndicat, qui ne cesse de croître là où d’autres s’essoufflent et ne sont plus crédibles.

Ceci n’est pas dû au hasard : nous ne nous contentons pas de lancer des slogans dans le vide ou des appels à des grèves sans lendemain qui n’aboutissent à jamais rien et leur ont fait perdre tout sens. Action & Démocratie se bat au quotidien et gagne.

Nous prenons acte que le combat pour nos intérêts individuels et collectifs doit se mener sur tous les terrains : le terrain juridique, le terrain médiatique, le dialogue ferme et sans concession avec des autorités qui finissent par se ranger à nos vues quand elles ont compris que nous n’étions pas animés par le ressentiment ou l’idéologie mais le souci du bien commun et le pragmatisme.

Action & Démocratie CFE-CGC se bat au quotidien et gagne !

Nous venons d’obtenir une grande victoire devant le Conseil constitutionnel qui a déclaré contraire à la Constitution le privilège donné au syndicats dits « représentatifs » (selon la loi) d’être les seuls à pouvoir accompagner les collègues qui voulaient contester une décision de l’administration concernant leur affectation, leur avancement ou leur promotion, toutes choses qui ne sont plus du ressort des commissions paritaires.

Les commissions paritaires ont en effet perdu, depuis la loi de 2019 sur la transformation de la fonction publique et la simplification du dialogue social, la plupart de leurs attributions, celles que certains syndicats mettaient abusivement en avant en faisant croire qu’ils étaient incontournables et indispensables à la satisfaction de vos vœux ou l’obtention de votre avancement.

Ils n’ont même pas levé le petit doigt pour défendre ce que d’aucuns appelaient non sans raison leur « fonds de commerce » !

Ces choses sont désormais entièrement gérées par l’administration, mais vous pouvez faire des recours et vous faire accompagner par le syndicat de votre choix.

Action & Démocratie ne ménage pas ses efforts pour accompagner et défendre les personnels avec intelligence, et nous arrivons à les sortir de situations ubuesques et surréalistes face à une machine sourde et aveugle qui frappe n’importe qui si on la laisse faire, mais que l’on peut arrêter en faisant le pari de l’intelligence.

Personne n’est à l’abri d’une telle situation, il faut en être conscient…

Un courrier de parents d’élèves au rectorat, une hiérarchie qui vous prend en grippe du jour au lendemain, n’importe quel prétexte peut servir à vous pourrir la vie, vous faire convoquer de manière arbitraire et vous exposer à des griefs infondés et des procédures disciplinaires sans objet. Seuls, vous serez écrasés sans pitié et, à moins d’être un juriste hors pair, serez balayés d’un revers de main par ceux en qui vous aviez placé votre confiance. C’est pour cela qu’il faut être solidaire, c’est pour cela qu’il est important de vous syndiquer.

Pour tout renseignement supplémentaire, allez sur le site d’Action et Démocratie Montpellier où vous trouverez les documents susmentionnés ainsi que les coordonnées de contact académique et les liens pour vous syndiquer : https://actionetdemocratie-Montpellier.fr/

Visitez aussi le site national d’Action et Démocratie, un syndicat neuf, une voix différente : https://actionetdemocratie.com/

Ensemble, nous pouvons faire changer les choses, rompre avec la morosité ambiante et

retrouver le sens de nos métiers.

Consultez notre revue « Le Pari de l’Intelligence » en ligne ici : https://actionetdemocratie.com/le-pari-de-lintelligence-n3-aout-2022/

Simplement parce que vous vous retrouvez dans nos valeurs résumées dans ce bref résumé ici :

Un syndicat neuf, efficace et qui sait se faire entendre !

Ou sur les réseaux sociaux :  Facebook Action et Démocratie Montpellier

Ou par téléphone : 06 76 97 48 65

(n’hésitez pas à laisser à un message, nous rappelons systématiquement sous quelques heures).

LA POLITIQUE DU DÉNI CONTINUE

L’année commence mal et nous avons de quoi nous inquiéter. M. Pap Ndiaye a dévoilé ses projets, dans une tribune parue dans Le Monde, lors d’une interview sur BFM TV, ce 4 janvier, et par voie de presse ce 12 janvier. Manifestement, notre ministre n’a absolument pas mesuré ni l’ampleur de la catastrophe scolaire, avec un niveau alarmant d’un nombre croissant d’élèves, ni celle du mécontentement des agents de l’Education nationale, des AESH aux personnels de direction, ni les menaces qui pèsent sur nos métiers.

  1. Pap Ndiaye reconnaît que le niveau des élèves entrant en sixième est inquiétant, notamment en français et mathématiques. Ce constat fort juste pouvait laisser espérer une prise de conscience que les politiques menées depuis déjà bien longtemps n’avaient fait que dégrader la situation et accroître les inégalités. Que nenni ! Il n’y a aucune remise en question de la réforme du lycée, engagée par son prédécesseur, ni même de celle de la formation professionnelle, actuellement en cours, malgré les alertes répétées de nombre d’enseignants et des organisations syndicales. Au contraire, le ministre se félicite du retour des mathématiques en première, oubliant manifestement au passage qu’elles avaient été supprimées par Jean-Michel Blanquer, avec les effets délétères que l’on connaît !

Le grand projet de M. Ndiaye est de réformer le collège, qui serait le maillon faible du système éducatif. Encore une fois, il n’a pas tout à fait tort. S’appuyant sur le fait que les évaluations d’entrée en sixième ne sont pas bonnes et que les élèves ne semblent pas progresser comme il le faudrait durant leurs quatre années au collège, il envisage de créer, en sixième, « une heure hebdomadaire de renforcement ou d’approfondissement en français ou en mathématiques, par petits groupes, selon les niveaux des élèves », avec des heures assurées par des professeurs des écoles volontaires ! Tout d’abord, au regard des difficultés de lecture, de maîtrise de l’écrit et du manque de bases en mathématiques de nombre de nos élèves, une heure par semaine est à l’évidence totalement dérisoire ! Depuis quand apprend-on à nager à quelqu’un qui est déjà en train de se noyer ? Si les élèves entrent en sixième avec de telles lacunes, ce n’est à l’évidence pas au collège que se trouve la source du problème, mais en primaire ; c’est la logique même.

Le ministre envisage tout de même renforcer les enseignements des fondamentaux et en particulier d’augmenter le temps de rédaction au cours moyen et de systématiser la dictée quotidienne, pour mieux préparer l’entrée au collège : enfin ! Dès ce mois de janvier, « des recommandations pédagogiques (par exemple sur la pratique régulière de la dictée, la pratique quotidienne de la rédaction, la régularité du calcul mental) » seront adressées aux professeurs de CM1 et de CM2, ainsi qu’aux formateurs et inspecteurs. Serait-on en train de nous dire qu’il faudrait revenir aux bonnes pratiques, éprouvées sur le temps long, qui avaient été bannies des instituts de formation, descendues en flèche par les corps d’inspection et conspuées par des générations de pédagogistes biberonnés aux théories socio-constructivistes ? Cet aggiornamento soudain (et un peu trop tardif), s’il va dans notre sens, a de quoi surprendre. Nous attendons avec impatience d’en savoir davantage !

Pour en revenir à la mise en place de « l’heure hebdomadaire de renforcement ou d’approfondissement en français ou en mathématiques », il y a fort à parier que cela va coincer de tous les côtés. D’abord, où placer cette heure, dans l’emploi du temps des classes ?

A l’évidence, cela ne peut pas être avant la fin des cours en primaire, puisque ce sont les enseignants du premier degré qui sont censés prendre en charge ce dispositif. Cela ne pourra donc être que lors de la pause méridienne, en oubliant le temps de trajet entre l’école et le collège (qui peut être conséquent dans les zones rurales ou en ville) ainsi le droit des élèves et des professeurs des écoles de faire une pause et de manger, ou bien, en fin d’après-midi, en oubliant le fait que, dans nombre d’établissements ruraux, une bonne partie des élèves prennent des cars pour rentrer chez eux ! Par ailleurs, si on envisage de constituer de petits groupes, cela va demander des moyens considérables, surtout que désormais, les effectifs en sixième flirtent avec la trentaine. Il n’y aura ni assez de personnels, ni assez de créneaux horaires, ni assez de salles de classe dans de nombreux établissements. Finalement, cette heure de renforcement se ferait, nous l’avons appris le 12 janvier, au détriment de la technologie : cela n’est pas acceptable. Déshabiller Paul pour habiller Jacques est un aveu : le ministère entend réformer le collège à moyens constants ; il ne nous allouera aucun moyen supplémentaire. La précarisation des postes de technologie corrélative à cette mesure n’a pas l’air d’inquiéter les pontes de la rue de Grenelle qui n’ont que faire des postes partagés et des TZR « à cheval » sur trois établissements… Les ressources humaines ont encore de beaux jours devant elles.

Les enseignants du premier degré étant déjà pour beaucoup épuisés par toutes les tâches qu’on leur impose, il est évident que le nombre de volontaires sera largement inférieur aux besoins. Il faut également, pour qu’un tel dispositif fonctionne, qu’une concertation entre les enseignants de collège et les intervenants du premier degré soit possible : quand, où, comment ? Le ministre explique qu’il s’agit ainsi de généraliser le modèle des « 6e tremplin », testé dans l’académie d’Amiens. Or, ce dispositif, qui ne concerne que quelques collèges, est en cours d’expérimentation et n’a donc absolument pas été évalué. D’après les remontées que nous avons obtenues de nos collègues picards, si dans un premier temps cela a semblé bien fonctionner, les enseignants impliqués ont pour beaucoup vite ressenti la lourdeur du dispositif et l’investissement que cela nécessitait. Résultat : les bonnes volontés ont rapidement commencé à s’épuiser. Ce genre d’usine à gaz nous en rappelle hélas bien d’autres, comme les PAP, les parcours, les compétences, etc. Et malgré toutes ces « bonnes idées », le niveau de nos élèves continue à baisser. Peut-être est-ce parce que les théoriciens de l’éducation oublient volontairement de parler du travail, de l’investissement et du mérite (ouh, les gros mots !).

Le ministre veut également « généraliser le dispositif Devoirs faits » en sixième, pour que les élèves fassent leurs devoirs au collège ! Ce dispositif, qui existe déjà depuis quelques années, porte d’abord fort mal son nom, puisqu’il laisse croire aux familles et aux enfants qu’il suffit d’une heure hebdomadaire de travail avec un adulte pour qu’il n’y ait plus rien à faire à la maison. Par ailleurs, si ce dernier fonctionnait, n’aurions-nous pas déjà dû voir ses effets bénéfiques et donc le niveau de nos élèves repartir à la hausse ? Or, c’est plutôt le contraire : les élèves présents le sont souvent contraints et forcés ; ils viennent les mains dans les poches, sans matériel ni travail à faire. En fait, nos dirigeants se refusent à voir et à vouloir régler les vrais problèmes. Plutôt que de généraliser un dispositif pour lequel les chefs d’établissement peinent de plus en plus à trouver des volontaires, ne serait-il pas plus judicieux de faire baisser les effectifs par classe et de donner aux enseignants du premier comme du second degrés les moyens de bien faire leur métier ? Au lieu de cela, les classes sont de plus en plus chargées, les conditions de travail ne cessent de se dégrader et la crise de recrutement qui s’ensuit logiquement ne fait que s’amplifier. Plutôt que de continuer à vouloir mettre des pansements sur des jambes de bois, ne serait-il pas temps de prendre enfin les problèmes à bras le corps ? Ce n’est manifestement pas la volonté de M. Ndiaye. Il est d’ailleurs évident que les deux dispositifs envisagés par le ministre, en sixième, vont bien vite s’entrechoquer et que les chefs d’établissement vont se retrouver confrontés, dans nombre de collèges, au manque de salles et de personnels volontaires disponibles.

Toutes les études démontrent que les enseignants sont de plus en plus fatigués, désespérés, parfois au point de quitter notre institution. Eh bien, M. Ndiaye, pour y remédier, n’a pas trouvé mieux que d’envisager d’alourdir encore la charge. En effet, il veut « réformer en profondeur le fonctionnement de l’École » en proposant un « nouveau pacte » aux personnels.

Autrement dit, si nous voulons gagner un peu plus, il nous faudra travailler davantage, et accepter de nouvelles missions qui, en réalité, n’ont rien de nouveau : tutorat, accompagnement des élèves, remplacements de courte durée, etc., sans oublier que le ministère aimerait bien que nous nous formions en dehors du temps d’enseignement, autrement dit sur nos congés ou notre temps libre.

Lors de son interview sur BFM, M. Ndiaye a été interrogé sur les atteintes à la laïcité qui ont largement augmenté depuis le printemps 2022. Vu qu’en juin il avait expliqué qu’il ne pouvait pas prendre de décision puisqu’il attendait la remontée des statistiques, vu qu’en septembre il les attendait toujours et qu’en novembre il avait fini par admettre qu’il y avait un problème, nous étions en droit d’attendre enfin une réponse claire. Eh bien non ! D’un côté, il affirme qu’il ne faut pas céder et appliquer la loi de 2004, et de l’autre, lorsqu’on lui demande de se positionner sur les tenues culturelles telles que les abayas et les qamis, il s’empresse de botter en touche, manifestement mal à l’aise, expliquant même que ce n’est pas à lui d’aller mesurer si telle ou telle tenue a la bonne longueur. Les enseignants et les personnels de direction, qui se retrouvent régulièrement confrontés à des provocations manifestement orchestrées contre les valeurs de la République, apprécieront. Une fois de plus, ils se retrouveront seuls et ne seront pas soutenus par leur hiérarchie. Le pas de vague a manifestement encore de beaux jours devant lui…

Voilà une année qui commence bien mal… Nous ne serons pas davantage écoutés et entendus que précédemment, nous ne serons pas augmentés à la hauteur de nos espérances et de notre statut de cadre, et il y a toutes les chances que le niveau des élèves ne reparte pas à la hausse et que nos conditions de travail (ainsi que les conditions d’étude des élèves, au passage) continuent à se dégrader.

Bon courage à tous.